Tu ne pourrais pas finir tes études en France ?

Publié le par Marie-Emmanuelle

Mon grand-père m'a posé cette question ce week-end. J'ai donc essayé de lui expliquer la situation d'un post-doc à l'étranger.

Et ça m'a rappelé que j'avais cette idée de blog parce que je trouve légitime que les gens sachent ce qui se passe dans les laboratoires de recherche. J'ai été boursière pendant 5 ans, donc c'est un peu la France qui a payé mes études. Et puis Elle m'a conseillé de partir pour mieux revenir. "M'enfin - dit mon grand-père- si t'étais pas partie, tu n'aurais pas besoin de revenir."

Laissez-moi vous expliquer.

En 2007 je me suis lancée dans un doctorat. Pour dire la vérité, j'en avais toujours toujours eu envie. Je suis partie le faire à l'Université de Rennes 1, le projet proposé par le Olivier Cador me permettait d'allier le magnétisme, mon point fort pendant mes études, à la cristallographie, ma nouvelle passion depuis que j'avais rencontré Gérard Coquerel en Master 2. Le début était magnifique, j'avais une réelle impression d'être au bon moment au bon endroit pour faire la chose la plus juste. La suite a été ... une thèse de doctorat avec tout ce que cela peut impliquer.

En octobre 2011, je suis partie en Italie faire un premier stage post-doctoral à l'Université de Florence dans le groupe de Roberta Sessoli. Dans son bureau même. Une période extraordinaire, j'ai appris énormément en sciences mais aussi en relation humaine. J'ai aussi appris à parler italien et à nager. Sincèrement très heureuse que mon pays m'ait poussée à partir un peu pour revenir riche de toutes ces expériences et en faire profiter mon futur laboratoire.

Oups ... entre temps les choses ont évoluées, se sont compliquées... tenter les concours la première année est apparu complètement inutile. Je n'étais pas contre deux ans de post-doc, donc pas de problème. Puis il est apparût nécessaire de faire un second post-doc dans un autre labo " pour prouver que je peux être forte dans n'importe quel environnement." Soit, je suis partie à Manchester et re-tenté ma chance.

Cette année encore je n'ai pas réussi à rentrer dans le système. Les conditions sont rudes pour tout le monde, l'age des candidats et leur nombre de publications augmentent, la quatrième année de post-doc est maintenant considéré comme "le bon moment pour entrer"; le nombre de postes diminuent (au CNRS : 300 en 2014 contre 450 en 2013, cette année je n'ai pas regardé).

Mais ce n'est pas grave, les autres pays profitent des docteurs français (et la France profite aussi sans doute les post-doc étrangers qui viennent vers elles). On reste très motivés, très disponnibles - en général on a pas de famille donc ça libère du temps, et, il faut bien le dire, très qualifiés quand même après toutes ces années dans le métier. Donc c'est gagnant-gagnant.

Voilà, Pépé.

"- Je travaille à l'Université mais je ne suis pas étudiante."

- Ah bon ?

- J'ai un salaire, des responsabilités, je m'occupe de plannings, de projets d'étudiants, de maintenance de certains appareils et je fais mes expériences puis écrit des articles. C'est passionant et c'est un vrai métier, même si pour le moment jen'arrive pas à l'exercer en France.

- Oui, m'enfin t's'rais quand même mieux si t'étais chez nous quoi."

j'y travaille... j'y travaille ...

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